Quels sont les processus qui façonnent un jeu vidéo auxquels les joueurs participent ? Cette question, à première vue simpliste, vous allez le constater, va peut-être se ramifier comme un arbre qui cherche le soleil. Je vous propose ici-même, à travers l’absurdité potentielle de ces quelques lignes, une expérience de pensée : débile, inutile, poétique ou autre qualificatif joyeux, à vous de décider.

Avant de rentrer dans le vif de l’absurde, acceptons déjà que premièrement certains jeux vidéo sont des œuvres d’art, voir tous, et que ce que l’on perçoit comme un jeu vidéo n’en est pas nécessairement un. Entendons-nous sur un autre point : lorsque j’utilise le terme « création », je n’utilise évidemment pas la signification judéo-chrétienne, c’est-à-dire celle qui affirme qu’il y a eu quelque chose à partir de rien grâce à la volonté divine. Ce qui est contradictoire car la volonté et la puissance divine sont toutes deux quelque chose. Non, Je parle donc avant tout de transformateurs et non de créateurs mais avouons-le, ce dernier terme est plus accrocheur.

Quelques lieux communs

Alors comment peut-on participer au processus de création vidéoludique en étant uniquement joueur ? Spontanément, Minecraft et autres jeux de bacs à sable viennent à l’esprit. Je vous accorde tous ces exemples possibles car ce sont des jeux qui ont été développé dans ce but-là : intégrer le joueur dans le processus de création de sa propre partie, de ses propres règles, souvent avec la possibilité de proposer ses idées aux autres joueurs. On peut aussi facilement penser à tous ces jeux dont les développeurs intègrent les joueurs afin d’améliorer l’expérience de ceux-ci dans la version finale : à travers les bêta-tests, les joueurs ont la possibilité de donner leur avis aux développeurs. Autre réponse spontanée est d’affirmer que les joueurs ne peuvent tout simplement pas participer à ce processus. Pour ma part, je pense que les deux premières réponses ne sont pas assez générales et ce ne sont que des exemplifications, et que la troisième est trop réductrice et par conséquent fausse.

Pour comprendre où je veux en venir, il faut encore accepter au moins une autre assertion : un jeu vidéo, comme d’autres œuvres d’art, n’est pas une œuvre finie car une telle œuvre ne se définie par uniquement par sa matérialité mais par les sensations qu’elle procure. Un jeu vidéo est une œuvre qui est nécessairement destinée à être sentie : la finitude d’un jeu est ici définie comme un état interactif à un instant t. Ainsi, un jeu vidéo n’est fini que lorsque l’on y joue.

Si vous acceptez toutes les bêtises précédentes que je tente de vous faire acquiescer, vous me répondrez peut-être un oui plus général et sans exemplifications spontanées. Viens Ô Gamer, rentre dans mon antre du délire vidéoludique.

Une plongée dans l’absurdité plaisante

Un joueur peut-il donc être créateur du jeu auquel il joue ? Si la complétude des processus de création d’un jeu vidéo sont atteignables en jouant, la réponse est oui. Pouvez-vous nier que jouer à une œuvre vidéoludique est une expérience bien spécifique à chacun et que chaque partie de chaque jeu est une expérience en soi ? Le jeu est jeu lorsqu’on y joue, sinon ce ne sont que des codes inactifs, un jeu en puissance. Vous tous le crier sur tous les toits : l’une des caractéristiques principales d’un jeu vidéo est son interactivité. Et à ce niveau-là, il n’a pas fini de faire parler de lui car la technologie avance à grands pas.

Je me suis tirés tous les cheveux en écrivant mais puis-je encore davantage m’arracher la crinière ? Parachevons ce délire délirant en posant une ultime question ; ou presque : un vidéaste traitant du jeu vidéo participe-t-il lui aussi à ce processus de création ? Pour le dire autrement et de manière plus générale : il y a-t-il un autre moyen de participer à ce processus pour un joueur qu’en y jouant ? La première condition pour répondre « oui » est qu’il faut être un peu taré – ou visionnaire peut-être. La deuxième condition est que cette vidéo ait influencée le vidéaste lui-même ou celui qui le regarde suffisamment pour modifier son expérience de jeu future. Personnellement, moi ça m’arrive : l’avis d’un vidéaste comme le Masque ou le Joueur du Grenier a parfois modifié ma perception d’un jeu et par conséquent mon expérience de celui-ci lorsque j’y ai joué chronologiquement après avoir vu sa vidéo.

Par extension, peut-être que penser un jeu vidéo, c’est participer à la création de celui-ci.

Le mot de la fin

Toi lecteur, si tu es assez imaginatif pour y croire, tu es peut-être un créateur de jeux vidéo malgré toi. Et en lisant toutes ces conneries, tu viens très probablement de participer à ce processus général de création vidéoludique !

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