Une analyse récente révèle que les rapports sur le climat rédigés par les experts du GIEC et adressés aux responsables politiques des plus grands pays, sont trop souvent illisibles ou incompréhensibles. Alors que nous ne sommes plus qu’à quelques semaines de la COP21, avec un réchauffement climatique au coeur des débats, pourrait-on s’attendre à mieux de leur part ?

Depuis 1990, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) est chargé par l’ONU de fournir des rapports aux responsables politiques de nombreux pays. Tous les six ans, un état des lieux sur la situation climatique de la planète doit être rédigé et transmis aux gouvernements.

Mais si on se réfère à l’analyse réalisée récemment par des professeurs de la Kedge Business School, située à Bordeaux, les rapports créés ainsi (et résumés ensuite pour être plus « digestes ») sont tout sauf faciles à comprendre pour un néophyte des sciences du climat. Des néophytes que sont justement nos dirigeants politiques, qui ont forcément bien du mal à prendre les décisions qui s’imposent, en se basant sur leur propre compréhension de la situation.

A l’origine, les rapports du GIEC sont rédigés dans l’optique d’être partagés au sein même de la communauté scientifique. Ils sont ensuite repris et résumés dans une version censée être plus facile à comprendre, qui doit être envoyée aux politiques.

C’est cette version résumée, d’une vingtaine de pages, qui a été analysée par les professeurs de la Kedge Business School, grâce à un algorithme créé spécialement dans ce but. Cet algorithme a permis de déterminer le degré d’intelligibilité du résumé, en se basant sur la longueur de ses phrases et la complexité de ses mots. Le résultat obtenu a donc été accablant pour le GIEC et son résumé :

Les résumés du GIEC sont si difficiles à comprendre qu’il peut y avoir beaucoup d’interprétations différentes sur le même point. Ils peuvent être facilement mal interprétés, par exemple par des climato-sceptiques

Au lieu de faciliter la tâche des politiques, le texte fourni à intervalle régulier n’a fait que devenir plus opaque au fil des années. Alors qu’il était plus ou moins accessible pour une personne ayant très peu de connaissance, en 1990, il a gagné en complexité et s’est rempli de termes pompeux depuis les années 2000.

Pire encore, il serait parfois plus complexe que les rapports complets, comptant plusieurs milliers de pages et destinés à un public disposant de doctorats en tout genre.

Selon le Centre For Climat Change Economics and Policy, de l’Université de Leeds en Angleterre :

Les décideurs politiques doivent avoir l’équivalent d’un doctorat en science du climat pour commencer à saisir pleinement le sens des rapports

Pour résoudre ce problème, de nouvelles mesures ont heureusement été prises par le GIEC et ses responsables fraîchement élus.

Depuis l’arrivée de Valérie Masson-Delmotte par exemple, nouvelle Co-présidente du bureau du GIEC, les résumés pour les politiques comprennent depuis peu un « résumé de résumé », adressé spécifiquement aux ministres en une vingtaine de lignes.

Elle n’a pas hésité à réagir à la publication des analyses et commentaires récents et promet, pour les prochains rapports, que de nouvelles pistes seront abordées pour rendre le texte plus limpide avec une lecture sur tablette ou mobile, ainsi que des synthèses spécifiques à plusieurs domaines (forêts, énergie, …).

Pour autant, les politiques et les scientifiques ne sont pas les seuls mis en cause par ces analyses, dans la mauvaise compréhension des rapports et de leur présentation au grand public.

Pour le Centre For Climat Change Economics and Policy, les médias sont tout autant responsables de la mauvaise interprétation des résultats scientifiques. Alors que le GIEC s’efforce toujours de rester objectif et mesuré dans sa présentation des faits, il n’est pas rare de voir les journaux écrits et télévisés jouer la carte du pessimisme ou de l’alarmisme.

 

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