Les images au format JPG seront-ils bientôt surveillés par un système de DRM ? C’est l’idée étudiée en ce moment par le Joint Photographic Expert Group, le comité qui s’occupe de la gestion de ce format d’image si populaire sur internet.

Voilà bien une idée qui ne va pas plaire à grande monde. Rassemblé Mardi 13 Octobre à Bruxelles, le comité du JPG a laissé entendre qu’une solution radicale pourrait être prise dans les mois qui viennent pour la protection de la vie privée et les droits d’auteur liés aux images sur internet.

La situation actuelle, qui permet à n’importe qui de récupérer une image sur un moteur de recherche ou sur un site web, pour la réutiliser sans en avoir l’autorisation et sans être inquiété par la moindre répercussion, ne convient pas aux ayant-droit.

Pour mettre fin à ces pratiques, la solution du DRM pourrait-être celle qui est adoptée dans les mois qui viennent.

Cette solution, pour l’EFF (Electronic Frontier Foundation), est inacceptable. L’organisation de défense des droits des internautes est farouchement opposée à toute installation de DRM pour un format utilisé par le grand public.

Comme elle l’a rappelé à Bruxelles ce Mardi, où elle était également présente pour faire entendre son avis et tenter de changer celui du comité JPEG, le système du DRM a déjà été utilisé dans de nombreux domaines, et cette utilisation s’est souvent soldée par un échec et une déception du consommateur. Dans l’industrie de la musique, du cinéma, du jeu vidéo ou même des livres électroniques, ces solutions très restrictives n’ont jamais donné les résultats escomptés. Peu importe la complexité des clés de verrouillage utilisées, celles-ci ont toujours fini par être contournées par le piratage et n’ont au final réussi qu’à gêner le grand public, le consommateur restant dans le cadre de la loi.

Pourtant, le comité défend son projet en prétextant vouloir faire attention à la protection de la vie privée de l’internaute. En effet, les photos prises par les appareils modernes sont toujours accompagnées de détails concernant le lieu où elles ont été prises, l’appareil utilisé, ou l’identité des personnes devant et derrière l’objectif.

Bien que les réseaux sociaux les plus populaires pour le partage d’image (Pinterest, Facebook, Twitter) suppriment automatiquement ces détails intégrés à l’image à chaque mise en ligne, le comité JPEG assure vouloir faire attention à notre vie privée, tout autant qu’au porte-monnaie des ayant-droit.

Sur internet, pour l’utilisation des JPEG, il est déjà évident qu’un système de DRM serait difficile à appliquer. Même si une image était protégée ainsi, ne pouvant par exemple être vue en bonne qualité que par une personne disposant des droits nécessaires, avec le bon logiciel de décryptage des droits, il serait très simple de passer outre le DRM. Après avoir ouvert une page web, il suffirait par exemple de faire une capture d’écran de la page et ses images, pour les modifier et les partager ensuite sans la moindre restriction.

Au final, encore une fois, seul le consommateur « légal » serait gêné par l’installation de ce système de contrôle des droits de copie : l’ajout d’un DRM serait obligatoirement associé à un autre système, pour la lecture, l’analyse et le décryptage du DRM. Un processus qui ralentirait fortement le chargement des images sur une page web, nécessitant un trafic supplémentaire pour passer par les serveurs d’authentifications qui seraient créés dans ce but.

Seul le temps nous dira si cette décision, dommageable pour la liberté et la fluidité de l’internet, sera au final appliquée. Selon l’EFF en tout cas, d’autres voies devraient être explorées pour la protection des images et de leurs propriétaires.

 

Sources :

Dossier « Copyright, Code et Créativité » de l’EFF

Site officiel JPEG

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