L’adorable Dimitri va-t-il séduire le jury et revenir la semaine prochaine? Il n’est ni chanteur ni pâtissier, c’est un pirate informatique candidat à la Hack Academy et héros de clips vidéo imitant la téléréalité pour mieux sensibiliser le public aux risques encourus en surfant sur internet.

Cet étudiant en informatique russe au petit accent craquant est là « pour expliquer à vous comment prendre informations bancaires très facilement ».

En quelques clics, Dimitri s’introduit dans un site marchand non sécurisé, qui vend des chaussures. « Ensuite moi attendre pigeon passer commande », poursuit-il, avant de délester la « pigeonne » Svetlana de plus de 7.800 euros.

Conclusion: pour vos paiements sur internet, vérifiez que l’adresse du site commence toujours par https, et pas seulement http.

« Depuis deux ou trois ans, la sécurité informatique devient un sujet devient très grand public », avec les révélations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance électronique et les cyberattaques dont les médias se font très régulièrement l’écho, explique à l’AFP Chadi Hantouche, du cabinet de conseil Solucom.

« On peut mettre en place toutes les technologies qu’on veut, mais à la fin, si l’utilisateur a un comportement +à risque+, on va quand même être attaqué », note-t-il. « Et ce qui est important, c’est que cette sphère cybersécurité dépasse le monde de l’entreprise. Ca touche tout le monde! »

« Avec la Hack Academy, c’est la première fois en France qu’on a une approche grand public » pour sensibiliser les utilisateurs, souligne M. Hantouche. Avec un slogan, « sur internet, je reste en alerte ».

Reprenant avec humour les codes de la télé-réalité, la série se compose de quatre petits films, présentant les passages des candidats devant un jury composé de trois mafieux.

Outre Dimitri, on trouve, dans cette parodie de la « Star Ac », la Québécoise Jenny qui devine les mots de passe trop simples — ne prenez surtout pas le nom de votre chien, a fortiori si vous en parlez sur les réseaux sociaux — et Martin, un ado surdoué qui a créé un faux site de téléchargement de logiciels ou laisse traîner des clés USB, pour introduire des « malwares » (logiciels malveillants) dans les ordinateurs de ses victimes.

– Toucher le plus grand nombre –

Il y a enfin Willy, jeune Belge à capuche, qui se fait de l’argent en envoyant de faux courriels.

« Ma technique est simple, l’usurpation d’identité », dit-il aux jurés. « Avec un simple faux mail et un logo d’énergie électrique, je menace les gens de couper leur électricité s’ils ne régularisent pas leurs coordonnées bancaires. » Et ils mordent à l’hameçon, quand bien même son e-mail soit truffé de fautes d’orthographe.

Dans un mail suspect, il ne faut donc jamais suivre un lien ou ouvrir une pièce jointe.

« Ce sont des films qui ont vocation à être pédagogiques et à s’adresser à M. et Mme Tout-le-Monde, donc forcément, il y a des raccourcis qui peuvent être caricaturaux », prévient Jean-Paul Mazoyer, responsable de la sécurité au Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref).

« Les comédiens s’identifient assez bien à l’idée que l’on se fait du hacker, qui est plutôt jeune, plutôt très brillant, plutôt isolé et qui est une sorte de Géo Trouvetou » en compétition avec ses congénères, ajoute Denis Gancel, patron de W, l’agence qui a conçu la campagne.

En parodiant les radio-crochets, « on surfe sur quelque chose qui est déjà populaire. Notre objectif est de toucher le plus grand nombre, le plus vite possible » remarque-t-il.

L’idée était aussi d’éviter les messages moralisateurs ou culpabilisateurs.

Les vidéos sont visibles sur le site www.hack-academy.fr, et des spots plus courts ont commencé à être diffusés sur La Chaîne parlementaire.

La campagne a été réalisée sans argent public, et financée par des entreprises du Cigref, à l’initiative de Jean-Paul Mazoyer, qui est également directeur informatique du Crédit agricole.

« On essaie de ne pas dépenser d’argent pour acheter de l’espace publicitaire, on joue sur l’engagement citoyen des médias », précise M. Mazoyer.

L’appel est lancé aux grandes chaînes de télévision, notamment publiques, pour qu’elles diffusent gratuitement les aventures de Dimitri et ses comparses.

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